Nizar Banat, militant palestinien de premier plan et opposant de l’Autorité palestinienne (AP), est décédé après une descente des forces de sécurité de l’AP à son domicile à Dura, dans la région d’Hébron, tôt jeudi.
Dans un communiqué, le gouverneur d’Hébron, Jibreen Al-Bakri, a déclaré que "pendant l’arrestation, son état de santé s’est détérioré", mais la famille de Banat a affirmé qu’il avait été battu pendant sa détention.
L’arrestation a eu lieu alors que l’Autorité palestinienne a intensifié sa répression sécuritaire contre les opposants politiques et les utilisateurs des réseaux sociaux en Cisjordanie occupée.
Banat était bien connu pour ses critiques à l’égard des dirigeants de l’Autorité palestinienne et avait été arrêté à plusieurs reprises par les forces de sécurité palestiniennes.
Muhannad Karajah, de l’association Lawyers for Justice, a déclaré à MEE que Banat lui avait téléphoné mercredi et lui avait dit qu’il faisait l’objet de menaces et de persécutions de la part des services de renseignements de l’AP qui lui avaient demandé de cesser de critiquer l’autorité.
Banat publie depuis des mois des vidéos sur Facebook dans lesquelles il fustige le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et d’autres hauts responsables de l’AP et du Fatah.
En début de semaine, il a publié une vidéo dans laquelle il s’en prenait vivement à l’AP au sujet de l’échange de vaccins avec Israël, désormais annulé.
Bakri a déclaré que les officiers étaient arrivés au domicile de Banat après qu’un mandat d’arrêt ait été émis par le ministère public.
Ammar, un cousin de Banat et un porte-parole de la famille, a déclaré à MEE qu’environ 25 officiers et un membre de la Sécurité préventive et des Renseignements généraux, ont pris d’assaut la maison vers 3h30 du matin après avoir fait exploser ses portes.
Il a déclaré que les officiers ont pris d’assaut la chambre dans laquelle Nizar dormait et ont immédiatement commencé à l’attaquer en l’aspergeant de gaz dans la bouche et le nez.
Le cousin a déclaré qu’ils ont battu sévèrement Banat avec des matraques en fer et en bois.
Il a ajouté que Nizar s’était évanoui, et qu’il avait été alors traîné, dépouillé de ses vêtements, et transporté dans des véhicules militaires.
Une autorité répressive
Karajah a déclaré qu’il s’attendait à ce que Banat soit arrêté, comme il l’avait déjà été plusieurs fois auparavant en raison de ses positions et de ses postes s’opposant à l’AP.
L’avocat a déclaré : "Ce qui s’est passé avec Nizar Banat est un assassinat."
"Aujourd’hui, ce à quoi les militants palestiniens et les défenseurs des droits de l’homme peuvent s’attendre, ce sont des assassinats. "
"L’Autorité [palestinienne] confirme aujourd’hui, en tuant Nizar Banat, qu’elle est une autorité répressive qui menace tout défenseur des droits humains, et chaque personne est soumise à un processus d’arrestation politique."
Karajeh a ajouté que la torture contre les opposants politiques se poursuivait à l’intérieur des prisons gérées par l’AP suite aux récentes vagues d’arrestations.
"Ils n’ont pas transféré Nizar à l’hôpital".
Le gouverneur d’Hébron, Bakri, a déclaré que Banat avait été immédiatement transféré à l’hôpital gouvernemental d’Hébron après sa détention.
"Après avoir été examiné par les médecins, il a été déclaré mort", a déclaré Bakri.
"Le ministère public a entamé les procédures conformément à la loi immédiatement après avoir été informé de l’incident."
Ammar a déclaré que la famille de Banat avait immédiatement commencé à contacter ses connaissances dans les différents quartiers généraux des services de sécurité à Hébron après l’enlèvement de Banat, mais qu’elle n’avait pu obtenir aucune information sur le lieu où il se trouvait, et avait appris qu’il n’avait pas été transféré au quartier général des services de sécurité.
Il a déclaré : "Une heure et demie après l’arrestation, une nouvelle s’est répandue sur les groupes WhatsApp, affirmant qu’il était mort à la suite d’une rechute de santé, et ils ne nous ont pas informés officiellement, en tant que famille, d’une quelconque information sur sa mort jusqu’à présent."
Ammar a déclaré qu’une délégation de la famille s’est rendue à l’hôpital gouvernemental d’Alia, où les services de sécurité avaient annoncé sa mort, mais n’a pas trouvé son corps.
Il a déclaré : "L’annonce de sa mort à Alia était une ruse. Ils n’ont pas transféré Nizar à l’hôpital, pas plus qu’ils ne l’ont transféré dans l’un des quartiers généraux de la sécurité."
"Jusqu’à ce moment, cinq heures après sa mort, nous ne savons pas où se trouve le corps de notre fils Nizar".
"L’Autorité palestinienne cache le corps afin de manipuler les faits concernant sa mort."
Une attaque récente
Ammar a expliqué à MEE qu’il y a deux mois, Banat a été touché par balles dans sa maison à Dura, où sa famille avait trouvé 60 balles.
La famille a déclaré qu’elle exigeait la divulgation de toute la vérité et des faits concernant la mort de Banat et la recherche des responsables.
Ammar a déclaré : "Nous exigeons, du sommet de la pyramide de l’Autorité palestinienne au plus petit de ses membres, de révéler le corps de Nizar et ce qu’ils en ont fait".
"Nous exigeons la formation d’un comité d’enquête international dirigé par un médecin de la famille et un médecin de la Commission des droits de l’homme, ainsi que des personnes choisies par la famille, et que l’autopsie n’ait pas lieu dans les instituts affiliés à l’Autorité, mais à l’Institut d’anatomie d’Abu Kabir."
"Nous voulons faire valoir notre droit par la loi, et le sang de notre fils ne sera pas vain.... Nous saurons qui a pris la décision de l’assassiner et qui a exécuté l’assassinat.... Et nous voulons les punir tous les deux."
Traduction : AFPS